Les arbres du Maghreb à Rennes

 

L’arbre et la spiritualité : les arbres sacrés dans les cultures d’Afrique du nord et leurs rapports aux religions

 

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Le frêne d'une ferme chaouia du Belezma,

photo Luc Thiébaut, mars 2020

à la Chapelle-des-Fougeretz

Les arbres du jardin marocain : échanges sur  les essences, les fruits et les bois dans les cultures du Maghreb et dans l’histoire franco maghrébine. Balade animée par Luc Thiébaut 

 

20 mn sur ce jardin (unique en France) et les plantes du Maghreb comme occasion d’« interculturel ». Emission de  RCF Bretagne (Radio chrétienne de France, 96.3 FM) ;

https://www.rcf.fr/economie-et-societe/balades-en-bretagne?episode=393222

  Un peu de fraicheur et de soleil, et du « dépaysement sans Carbone » à 20 minutes de Rennes.

 A la fête des confitures, 8 septembre 2019,

12 juin 2019, quarante participants du « bistrot mémoire » rennais sont venus visiter le jardin marocain. Après une présentation par Aberrazak Zahout, architecte qui a conçu ce jardin au début du XXIème siècle, Luc Thiébaut a pu, malgré la pluie mais grâce à la bonne volonté des participants, présenter les arbres du Maghreb dans leurs relation avec notre alimentation, notre histoire et la langue française. Le groupe formant une communauté amicale envers les personnes qui ont perdu de leur capacité de perception, nous avons pu profiter des odeurs de ces arbres et arbustes : santoline, eucalyptus, cèdre, chalef, rosiers,…  

au Parc du Thabor

le 25 mai 2022, avec 18 personnesdu Centre culturel des Longs Près; après le 21 avril avec les enfants du centre culturel Avicenne et le 22 avril avec les enfants de Mosaïque Bretagne-Maroc

Nos rues et parcs sont riches de témoins qui évoquent le Sud et l’Est de la Méditerranée.  Venus du Sahara, des sommets de l’Atlas ou de la côte méditerranéenne, des arbres, des noms de végétaux sont, à Rennes, les balises dans le voyage des plantes et des mots entre les cultures et les langues. Ils sont aussi, comme le cèdre de l’amitié franco-algérienne,  des repères dans l’histoire de nos pays.

Le 19 mars 2017, avec des invités de Tlemcen et en un jour anniversaire important de l’histoire, les Amis de l’Algérie ont organisé une balade-échange autour des arbres liés à l’histoire franco-algérienne.

la balade  du 23 septembre 2018, avec le jumelage Rennes-Sétif a réuni 25 participants

Les arbres d'Algérie au Thabor

« Pour moi qui, lorsque j’atteins n’importe quel Orient, ai tendance  à tout comparer à l’Algérie, mètre-étalon des patries et modèle, quoique j’en dise, d’authentiques souvenir de félicité » (Jules Roy)

 

Le Parc du Thabor doit son nom[i] à la montagne de Palestine [ii] qui domine la Méditerranée orientale. Mais ce sont des rives occidentales (maghrébines) que part notre balade.  Premier repère, la “Colonne de Juillet”. Juillet 1830 ! Le monument évoque les tragiques “Glorieuses” parisiennes, mais c’est le même mois qu’eut lieu la prise d’Alger par les Français ; et une autre colonne, plus loin en Bretagne, évoque directement ce début de la conquête/invasion  : “la Consulaire”, à Brest, érigée avec les canons pris aux Algérois.

1830,  c’est l’année où arrivent en France les premiers Cèdres de l’Atlas. Ne nous méprenons pas, ils ne sont pas ramenés de la Régence d’Alger par les soldats français, ce furent des Cèdres marocains, venus ... d’Angleterre !

Les Cèdres de l’Atlas sont les fleurons du Thabor, surtout depuis qu’est tombé en 1967 « le » Cèdre du Liban qui avait été acheté … en 1830 ! Il reste évidemment plusieurs Cèdres du Liban qui rivalisent en majesté (mais pas en longueur des épines !) avec les Cèdres de l’Himalaya. Le Cèdre de l’Atlas est aussi le roi des forêts d’Algérie et du Maroc, aussi bien dans l’Atlas tellien (du Rif aux Kabylies) que plus au sud (du Haut-Altas à l’Aurès).

Plus spécifiquement algériens, les deux Sapins de Numidie du Parc sont endémiques des massifs kabyles des Babor ... et des Tababor ! Le Thabor héberge aussi plusieurs Pins - cousins du Pin de Mauritanie, très menacé-  des Cyprès, et d’autres résineux (Taga, ‘Arar, ...).

Passons de ces conifères qui affrontent la neige aux Palmiers qui vivent “la tête au soleil”. Le Maghreb (d’ailleurs comme  l’Europe du Sud) est la terre de deux genres de  Palmiers : Phoenix et Chamaerops.

 

Phoenix(ci-contre à Belle-Ile) l’arbre « phénicien », pourrait nous amener au Liban mais aussi aux comptoirs carthaginois de l’Afrique du nord (comme Punica, le Grenadier). Au Thabor, les Phoenix sont de l’espèce canariensis, la plus fréquente en Bretagne ; ils passent l’hiver dans l’Orangerie. Leurs îles d’origine sont très liées, par leur nom et par leur ancien peuplement à l’histoire du Maghreb. Ces Dattiers des Canaries ou Faux-Dattiers sont les cousins du vrai Dattier, notre Phoenix dactylifera, objet de la« Phoeniciculture” nord-africaine. Parmi ses multiples variétés, celles qui produisent la 'Deglet Nour', « le doigt de la lumière », de Tunisie et d’Algérie, et la Mejhoul, originaire du Maroc, sont les plus recherchées et monopolisent l’extension actuelle des palmeraies.

Le palmier-dattier, est un pilier de l’Islam. Le Coran évoque le palmier, nakhla, dans plusieurs sourates : “Des fruits, des palmiers et des vignes, vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent» (Coran 16/67).

Le nom arabe de la datte, Tmar, est à l’origine du nom français d’arbres d’autres familles : le Tamarin : de tamr hindî, « datte de l’Inde » et, par confusion, le tamaris.

 L’aire de répartition traditionnelle du palmier-dattier coïncide avec le monde  arabo-persan, du moins sur ses parties désertiques. Comme l’écrit Fernand Braudel (La Méditerranée. L’espace et l’Histoire, 1977) : « La Méditerranée court ainsi du premier olivier atteint quand on vient du nord [en Provence]  aux premières palmeraies compactes qui surgissent avec le désert » c'est-à-dire entre « le « verrou » de Donzère, sur le Rhône » et « la porte d’or d’El Kantara ».

Le palmier-dattier, pilier aussi de l’orientalisme : Dans l’imagerie française traditionnelle le palmier dattier est “la” figure du palmier. C’est le pilier de la construction orientaliste du paysage européen comme de la littérature sur le Maghreb[1]. Comme l’écrivait Mohamed Dib dans son ultime roman, Simorgh, (2003) : « écrivains algériens, notre soudaine apparition a tari d’un coup et définitivement la source d’inspiration que l’Algérie a représentée et aurait pu continuer de le faire pour bon nombre d’écrivains français, tous genres confondus. Finis les palmiers, la magie des sables, les jeux interdits avec de jeunes garçons. Nous avons fermé les portes de ce paradis-là et mis la clef sous le paillasson. »

Paillasson ! c’est un peu la destination de l’autre palmier du Maghreb : le palmier nain, Chamaerops humilis, le doum, (el Âazaf en jebli du Rif occidental ; Tigazdan en amazigh marocain) est lui tellien, donc plus méditerranéen. La première femme écrivain algérienne, Elissa Rhaïs, il y a 100 ans, nous parle dans Saâda la Marocaine, (1919) "des têtes de petits palmiers sauvages, dont les Arabes sont si friands ». Aujourd’hui encore, les cœurs de palmiers-nains font partie des “traz”, des confiseries consommées à Yenayer (que la Maison de la Méditerranée fête chaque année).

Mais c’est surtout dans la mémoire pied-noire, que le Palmier-nain, le Doum, est important :  symbole, sous le nom de margaillon en pataouète, de ce qu’il faut arracher pour mettre en valeur, les premiers colons ont dû  les extirper et ce n’était pas faciles avec leurs racines très profondes qui refusaient l’arrachement et leurs troncs (stipes) élastiques qui résistaient aux coups de haches comme à la sécheresse. Du coup, ceux qui, plus tard, allaient s’appeler Pieds-Noirs, s'étaient attribués le nom de " Margaillons". Chamaerops humilis est présent au Thabor, mais moins que ses cousins extrême-orientaux, Trachycarpus, très nombreux à Rennes. Le palmier nain fourni du crin végétal (pour remplir les matelas) et des palmes pour la sparterie.

 

 

Le Thabor héberge d’autres spécimens de plantes qui ont produit beaucoup plus de profits en Algérie: l’Alfa, la Vigne (qui a motivé la destruction de forêts),

 

 

 

 

....le Chêne liège, ...

 

Le Chêne-vert donne des glands comestibles qui étaient à la base d’une farine vendue à Rennes il y a un siècle : le Racahout. Le Maghreb est l’habitat de Chênes beaucoup plus rares : le Zen (au jardin botanique) et l’Afarès.

Le Frêne, lui, symbolise la longue présence musulmane en Provence il y a mil ans (la Garde-Freinet). C’est aussi l’Arbre des villages kabyles (Teslent).

D’autres essences doivent leurs noms à l’Est de la Méditerranée : Noisettier de Byzance (le Thabor en possède un majestueux), Acacia de Constantinople, Arbre de Judée, ...

 Et plusieurs essences rappellent les origines communes de mots dans nos langues: latin/berbère (Ulmu-s-, Suber/Chuber, ...)  latin/arabe ( buxus, betulla ), grec/arabe (châtaigner, daphnê), hébreu/français (sycomore) ... et même berbère/gallo !

                Luc Thiébaut , 2017

maisondelamediterraneerennes.com

 


[1] Avant l’extension pantropicale du cocotier, à partir de l’Océan Indien et du XVI° s

[i]  Le Thabor, toponyme hébreu ou araméen n’a rien,à voir avec le mot d’origine turque, les « tabors » marocains  qui participèrent à la libération de la France, avec entre autre un adjudant des Tabors marocains qui devint président … de l’Algérie !

[ii] Aujourd’hui en Israel. Le nom de la rue de Palestine qui longe le Thabor au nord n’a pas été donné directement en l’honneur de ce pays mais d’après le lieu-dit de la « ferme de Palestine »  qui occupait ces terres, c’est la ferme qui a été nommée en référence au pays rêvé par la chrétienté du Moyen-âge.

 

 

 

 

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